S'il est un créneau sur lequel nos constructeurs français aimeraient briller, c'est bien celui du haut de gamme, synonyme d'image de marque… et de profits juteux.
Citroën a fait son retour avec la C6, mais il est trop tôt pour conclure si l'essai est transformé ou non. Quant à Renault, son emblématique patron, Carlos Ghosn, a promis que l'ex-Régie ne resterait pas sur l'échec de la Vel Satis.
Reste donc Peugeot qui s'apprête à remplacer sa 607. Faut-il alors voir dans la 908 RC les prémices de ce que pourrait être la future grande lionne? Car c'est bien le thème de la berline de luxe qui a inspiré les designers du Centre de style Peugeot. Et la 908 RC en a effectivement tous les attributs.
A commencer par une ligne impressionnante mise en valeur par des proportions hors du commun. La 908 RC est en effet à la fois plus grande qu'une Série 7 (5,13 mètres), plus large qu'une Maybach (2,15 mètres), mais à peine plus haute qu'une Audi TT (1,37 mètres).
Son style ensuite, et en particulier sa face avant sculptée à l'extrême pour suggérer la tête d'un félin. Objectif atteint en ce qui concerne l'identification à la marque, mais au détriment de l'élégance à mon avis. Rien à redire à contrario, sur les flancs parfaitement lisses en l'absence de poignée de porte extérieure ou sur les panneaux latéraux qui raccordent le sommet du toit à l'extrémité de la malle. Et ce serait une bonne surprise si la 608 adoptait la forme très arrondie style Opel Astra (désolé pour la comparaison…) des vitres latérales postérieures.

L'intérieur, vaste et lumineux grâce à un pare-brise panoramique (mais qui restera à l'état de prototype lui aussi), fait la part belle aux matériaux nobles tels le cuir, l'aluminium et le chrome (notez que le bois, probablement "pas assez Sport" – n'est pas de la partie). Peut être parce que les systèmes de commande multimédia style iDrive de BMW ont été très critiquées pour leur manque d'ergonomie, Peugeot ouvre une autre voie en proposant un écran tactile… également accessible aux deux passagers confortablement installés aux places arrière.

Venons en enfin au moteur, maillon souvent considéré comme faible sur les voitures haut de gamme tricolores. Sûr que s'il devait un jour se retrouver sous le capot d'une Peugeot de série, celui qui est monté en position transversale centrale à l'arrière de la 908 RC en ferait rêver plus d'un, tout diesel qu'il est. Las, même s'il s'agit d'une mécanique d'exception, le V12 HDi, associé pour l'occasion à une boîte séquentielle à six rapports, n'est là qu'en clin d'œil à la 907 qui prendra part aux 24 heures du Mans en juin prochain. Point de V12 donc sous le capot de la remplaçante de la 607, mais pourquoi pas un retour à la propulsion comme les références BMW et Mercedes?
Air du temps, Peugeot est resté – presque – politiquement correct en annonçant les performances de la 908 RC. Passons encore sur les 22s pour abattre le kilomètre départ arrêté, mais plus de 300 km/h en pointe, sans plus de précision, voilà qui me paraît bien modeste pour un véhicule de 700 ch crédité d'un Scx de seulement 0.556.

Une réussite la Peugeot 908 RC? Pour ce qui est de faire couler de l'encre – électronique y-compris - pas de doute, l'objectif est atteint.
Et pour ce qui est de faire rêver et de magnifier le luxe automobile, je laisse chacun exprimer son avis.
En ce qui me concerne, la 908 RC ne me fait pas rêver. Loin s'en faut. Et pour être honnête, je ne la trouve même pas belle. Je n'aime pas sa face avant trop compliquée, ni la courbure trop prononcée du montant de pare-brise. Mais le plus embêtant n'est-il pas que la 908 RC ne me semble pas correspondre à une Peugeot (calandre exceptée bien entendue)? Suis–je un cas isolé? A vous de le dire…
A lire également, cet intéressant article paru dans le Figaro, sur la genèse de la Peugeot 908 RC.
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